La poésie est mon pays, les histoires sont plus belles que le monde. Ecrire c'est le redessiner, le toucher, sentir avec son coeur.
Les textes sont personnels ou écrits en ateliers d'écriture de Sebastien Hoffmann
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Bris de Glace
A Pablo
C’est coupant
Dadadram
Décodés codes
la vie rêvée
Je suis née petit crabe, en pleine lumière d'un jour d'été. Dans mon âme s'est logé le goût des grandes étendues d'eau agitée, et des couchers de soleil.
J'ai grandi coquillage, accrochée au rocher de ma mère, fantasque, à filtrer ses angoisses d'être un jour emportée par la marée, les orages, et les vents déchainés. Mon père était un allumeur de réverbères. Rêveur et poète, amoureux de la lune, il nous racontait de longues histoires qu'il inventait. Nous l'écoutions passionnément, ma soeur et moi, les coudes sur les genoux.
Pour m'échapper de ce cocon de soie, je me suis faite serpent. Sous un charme du Roi-Lézard, mon sang est devenu froid, mon coeur tout en bazar, ma soif du monde immense. Je suis partie.
Dehors, j'ai rencontré un groupe de chats sauvages qui voulaient laisser leur griffe sur la page.
On écrivait des poèmes, on s'envolait, on trébuchait sur les mots, on se prenait pour Vian, Lautréamont, Rimbaud.
On voulait tout comprendre. Tout de suite. Trop vite, trop fort, je suis tombée.
Louve blessée, je suis partie vers la forêt pour élever mon petit. J'ai emporté avec moi mon stylo, et un grand cahier bleu.
La forêt m'a guérie. Comme le renard de l'histoire, j'y ai rencontré cent petits princes perdus qui m'ont apprivoisée et m'ont raccompagnée jusqu'à l'orée du bois. A mon tour j'ai eu envie de les aider. J'avais de la chance, j'avais choisi le bon métier.
Castor courageux, j'ai rebâti mon refuge. Je suis retournée voir la mer, mais c'est au bord d'une rivière que j'ai choisi de m'installer. J'ai ouvert grand ma maison, les portes et les fenêtres, et j'ai laissé entrer l'amour. Mon petit a grandi. Il a quitté le nid. A-t-il dû se faire serpent, lui-aussi ?
Aujourd'hui, je voudrais être un oiseau, merle moqueur ou cygne blanc, mésange au manteau bleu qui se joue des griffes des chats, pigeon voyageur, et qu'on laisse des messages sous mes ailes. Je voudrais m'envoler très loin, voir le monde de tout en haut, franchir des cimes vertigineuses, atteindre des contrées inaccessibles, et revenir parmi les miens, rencontrer, partager. J'ai toujours mon stylo et mon cahier.
Et j'ose.
Je me pose au milieu de vous ce soir, je vous tends la main.
J'ai tant besoin d'y croire dans ce temps qui s'enfuit sur mes métamorphoses.
Marie Saline
<< Au sein de la terre, j’écarterai >>
mes lèvres blessées dans le sel d’abandon,
j’ouvrirai ma poitrine, et folle, te laisserai
y cueillir l’herbe sauvage en pleine floraison.
<< Au sein de la terre, j’écarterai >>
l’essence de ton présent rejeté
en saison d’horizon,
et la chair, et le feu, hâtives floraisons.
<< Voici le pain, le vin, la table, la demeure, >>
Voici l’heure où tu t’assois, tranquille.
Le cristal sur la table appelle l’eau du ciel,
et le soleil absent à cette heure d’orage
enrage de te savoir en quête
d’un peu de repos.
Tes doigts que l’encre noire
a tachés, jouent avec la fourchette
pendant que le fourneau fredonne
un vieil air d’opéra.
Tu rêves, étalé sur ta chaises,
comme un lézard trop maigre.
Mes étreintes ce soir
ne sont pas de mise.
Presque trop de ferveur
en ton âme oscillante,
de rouge profondeur.
Ailleurs, tu fixes les nuages
qui dessinent pour toi
.de secrets messages .
En gestation de poésie, tu laisses
ta pensée s’égarer, devant moi
qui attends, patiente,
un balai à la main,
prête à danser si tu le demandais,
à toucher tes chemises, à t’émouvoir,
dans une ancienne recherche d’aubes !
Marie Saline 29 01 2011
C’est coupant
Et ça crie
Pas très fort
Une histoire de désir
Perdue
Entre le sang et le feu
Je me suis cognée
Le mur était doux
Je n’ai pas senti tout de suite
La douleur
Je ne sais pas
Si j’ai mal
Je m’interroge
Débordement
Des serpents grouillent
Sous mes vêtements
Ils ont froid
Et cherchent l’eau
Ton grand sabre plane
Dans le ciel mobile
Je peine à respirer
Ces petites phrases
Qui font des trous dans la joie
Trop vite
Trop vite
Marie Saline
Blanche planche feu
Langue a touché
L’aune effleurée
Brou chouc mouche
Du goût de l’eau
Salée du bleu
Au creux ancré d’épaule chaude
Corps à craquements
Croque du temps
En calme d’océan
Parc marque contour troublant
Val opale dévalé
Sous chemise éprise
D’épuisements attend
Qu’un temps s’offusque
D’écarteler éparpiller
L’espace divisé
Grand ram dam
Absolue quantité
Obsidienne souffle
Pour
Marie Saline
Bouquet Bouquet Toucher Paquet Caresse Bouquet Couleur Tentation Caresse Bouquet Parfum Caresse
Bouquet de senteur dans la cuisine. Plus fort que le bouquet de jacinthes et leur parfum puissant.
Toucher précis, elle découpe les légumes essorés et les noue d’un brin d’ail en petits paquets. Chat gourmand qui guette autre chose qu’une caresse. L’odeur de viande rôtie lui flatte les naseaux. Toutes les couleurs dans ce plat qui mijote. Elle sourit. Qui pourra résister ? Douceur du geste, elle assemble les herbes en un bouquet garni et le parfum du thym s’exhale dans l’air. Moment doux, moment chaud, juste avant de dîner…
Tentation Tentation Tentation Tentation Couleur Caresse Toucher Paquet Paquet
A quatre reprises, elle a dû se contraindre.
La tentation la rendait folle
Elle avait la couleur des cerises de juin,
Et fuyait comme un chat dès qu’on l’approchait.
Elle ne voulait pas revivre ce moment trop lourd deux fois.
Couleur Toucher Tentation Bouquet Paquet Toucher Caresse Bouquet
Affichons nos couleurs !
Touchons le ciel sans fard
Cédons à la tentation d’exister
Explosons dans ce bouquet final
Abandonnons les poids lourds de nos vies modérées
Et cherchons à frôler les étoiles
Couchons-nous sans craindre le froid
Obéissons aux senteurs du monde !
Bouquet tentation Caresse Parfum Paquet Couleur Tentation Caresse Tentation Toucher Couleur Paquet Toucher Bouquet Tentation
La guerre des fleurs n’en finit pas. Hors de question de fraterniser ! Des relents de rancœur se nouent et se dénouent. Lutte à mort pour ne pas disparaître. Capituler, abandonner, céder, se laisser émouvoir par la pâleur de l’adversaire, plier bagage, impossible ! Mais arracher les pétales de l’ennemi, le broyer, le pulvériser, ça c’est du plaisir !
Marie Saline
Ça commence comme un espoir, comme une envie de vivre mieux
Ça commence comme une chanson de ma jeunesse
Qui parle d’aventure, de pays merveilleux
Où la misère n’existe pas…
« On prétend que là-bas l’argent coule à flot, Hissez haut !
On trouve l’or au fond des ruisseaux… »
Je suis un front d’ébène aux marques de l’Afrique.
Les failles qui me parcourent sont rides ou cicatrices.
Du haut de la fenêtre, certains jours, un rayon de leur soleil arrive jusqu’à moi
et effleure ma peau. Cela suffit pour que soudain rejaillissent la musique, mes souvenirs de feu, de danses, de chants vibrants, de transes, de ma terre déchirée
Imperceptiblement, Je me détends, comme un champ gorgé d’eau trop nourri.
Mais le monde que je connais redevient toujours sec.
Ici, ce sont les pieds d’une femme, lourds dans de lourdes bottines,
qui marchent dans un couloir, dans une chambre, des pieds durs et courageux.
Hier, ils étaient entourés par plusieurs petits pieds joyeux qui jouaient sans arrêt les uns avec les autres.
Ils étaient gais, ces pieds, ils aimaient courir sur le sable chaud.
Ils aimaient marcher longtemps dans la forêt et revenir chargés du poids de lourds fagots.
Aujourd’hui, ils rêvent d’être des pieds qui s’envolent, des pieds d’oiseaux, des pieds d’anges !
Moi, je suis une main d’homme crispée sur un stylo. J’écris sur le papier les lettres qui me viennent. C’est bien le seul moyen pour que les mots me quittent.
Où est-elle ? Que fait-elle ? Souffre-t-elle ?
Tourner ! virer ! danser ! frapper !
Au début je tremblais, je cherchais, je me cachais .Maintenant je suis dure comme la roche, et pleine de force utile dont personne ne veut!.
Alors j’écris, j’écris sans arrêt sur ce bout de papier
Des messages illisibles qui me font du bien.
Là, ce sont les yeux d’un enfant que le sommeil surprend,
pleins d’images qui bourdonnent, et de rires !
et des jeux de ballon dans la cour avec d’autres enfants.
C’est un monde d’histoires, un conte imaginaire, qui se cache par là, où l’on ne pleure jamais, où l’on n’a jamais peur
C’est la curiosité de ce voyage promis, qui s’enferme en silence
dans une tour de Babel irréelle
Ces yeux seuls qui rêvent, balayés du regard, blottis là, dans le noir.
Je suis la poche d’un manteau
Manteau de pèlerin,
Pèlerin égaré
Je cache un cœur battant
Un cœur qui se répand
Autour d’un bout de papier
Message désolé
Message d’amitié
D’un être qui voudrait
De moi à ses côtés
Je suis une pensée grise qui flotte dans l’air pâle
Pensée de chercheur d’or qui n’en a pas trouvé
Pensée d’un autre temps, d’un monde à voyager
Je suis celle qui reste quand le désir est mort
Le coup de pied au fond qui porte à la surface,
Je suis l’envie de vivre de ce grand corps multiple,
Rassemblé malgré lui dans ce lieu de nulle part.
Je suis le sang qui coule dans leurs veines
Je suis le cœur qui cogne dans leur poitrine !
J’étais une pensée bleue, une pensée de chercheur d’or.
Ça finit comme un vœu au passage d’une étoile, celui de vous avoir convaincu
que celui qui rêve d’un ailleurs meilleur ne devrait jamais être retenu…
Ça finit comme une chanson de ma jeunesse, qui parle d’espérance, de retour triomphal :
« Un jour je reviendrai, chargé de cadeaux, Hissez haut !
Au pays j’irai voir Margot, à son doigt, je passerai l’anneau ! »
Marie Saline
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